La conférence annuelle sur les troubles de l’humeur, organisée par la CPTS Brest Santé Océane, s’est tenue le 28 mars 2025. Cette édition avait pour thématique centrale l’art-thérapie. Comme lors des deux précédentes éditions, elle était organisée en partenariat avec le CHU de Brest. L’association La Parenthèse était également associée à l’événement cette année.
Pour rappel, la première édition avait pour thématique la prise en charge des troubles de l’humeur sur Brest métropole.
La deuxième édition abordait les psychothérapies et la dépression.
Ouverture de la conférence sur l’art-thérapie
La conférence a débuté par une présentation de l’événement et de la CPTS Brest Santé Océane.
Par ailleurs, la conférence était ouverte au grand public, avec pour objectif de sensibiliser à la santé mentale et de faire découvrir les bénéfices de l’art-thérapie. Cette approche était destinée aussi bien aux professionnels de la santé qu’aux usagers du système de soin.
Présentation de l’association La Parenthèse
La première partie de l’après-midi était consacrée à la présentation de l’association La Parenthèse.
L’association travaille avec différents acteurs du territoire. Ensemble, ils proposent des séances d’art-thérapie aux patients.
Julien BAZZAZ, président de l’association et infirmier au CHU de Brest, a retracé l’historique de la structure. La structure, créée en 1998, devient l’association La parenthèse en 2002. Il a présenté les ateliers en cours :
- Théâtre
- Écriture
- Percussions
- Danse
- Musique et chant
- Arts plastiques
Le profil des patients concernés va de 16 à 70 ans présentant des troubles de la santé mentale. Ces patients doivent aussi être suivis ou avoir été suivis par un acteur de la psychiatrie sur le territoire brestois. Il a également abordé les missions de l’association, comme l’inclusion des personnes et la création du lien social, la lutte contre la précarité…
Chaque atelier est animé par un artiste. Le personnel soignant participe activement aux divers ateliers.
Le chant pour casser l’isolement
Yolène PERRU, professeure de chant qui intervient depuis une dizaine d’année auprès de l’association, est intervenue pour décrire les cours qu’elle dispense. Son objectif est de créer une cohésion entre les élèves. La notion d’égalité entre soignant et patient est importante, car chacun arrive avec le même niveau. De plus, les patients se sentent en sécurité du fait de la présence de professionnels de la santé. La notion d’être ensemble est essentielle, car cela casse l’isolement du patient.
La danse pour se reconnecter à son corps et aux autres
Un peu plus tard, le public a pu découvrir une interview filmée de Rozenn DUBREUIL, professeure au sein de la Compagnie Les Pieds Nus et intervenante pour La Parenthèse.
Ensuite, Sophie PODAVEN, infirmière accompagnant le groupe de danse, a pris la parole. Elle a présenté le déroulé d’une séance. D’autre part, elle a évoqué le rôle du soignant qui devient aussi médiateur, et les bénéfices de l’activité artistique pour les patients (renforcer le soutien et l’unité, la créativité, la réappropriation corporelle, etc.).
Point de vue des psychiatres sur l’art-thérapie
Ce que dit la littérature scientifique de l’art-thérapie
Le docteur Florian STEPHAN, psychiatre au CHU de Brest, est intervenu sur le sujet de l’art-thérapie. Il est aussi référent du parcours santé mentale à la CPTS Brest Santé Océane. Son intervention a été fondée sur la littérature scientifique.
Il a rappelé la définition de l’art-thérapie, ses objectifs et les mécanismes par lesquels elle peut être bénéfique pour les patients. L’intervention a permis de découvrir les différents types d’art-thérapie étudiés et les variables influençant l’efficacité de cette approche.
L’art-thérapie constitue un mode d’expression non-verbal facilitant l’extériorisation d’émotions complexes.
Cependant, la recherche scientifique rencontre certaines limites : nombre restreint de participants, manque de standardisation des protocoles, ou encore diversité des pratiques artistiques étudiées.
Pour conclure, le Dr STEPHAN a souligné l’importance de la complémentarité des approches thérapeutiques et les bénéfices tangibles observés chez les patients.
L’art comme outil pour le soignant
La dernière intervention de la journée a été assurée par le docteur Thomas LE GUILLOU, psychiatre au CHU de Brest.
Il a partagé une approche originale et personnelle du soin, articulée autour de la médecine graphique.
À travers cette pratique, il explore comment le dessin peut devenir un outil thérapeutique. Il le conçoit aussi comme un support pédagogique et réflexif pour les soignants.
Dans cette optique, il distingue deux formes narratives : la pathographie et la médicographie. La pathographie correspond à la bande dessinée centrée sur le vécu du patient. La médicographie met en récit la pratique du soignant lui-même.
Le dessin devient alors un médium pour réfléchir aux enjeux sociologiques de la médecine contemporaine. Il permet aussi de questionner la posture du soignant, ainsi que la place de la subjectivité dans un cadre de soin souvent dominé par la rationalité scientifique.
S’appuyant sur son essai Ligne claire en eaux troubles (en accès libre ici), le Dr LE GUILLOU interroge la relation médecin-patient. Il met en lumière les dimensions sensibles, humaines et subjectives du soin.
Par le dessin, il cherche à garder une trace visuelle. Dessiner un patient devient, selon lui, un acte de mémoire et d’éthique. Le propos est anonymisé afin de rendre possible son partage.
Cela renforce l’empathie et l’intersubjectivité dans la relation de soin et offre aussi un espace pour penser la pratique médicale autrement.
Clôture de la conférence
Le docteur STEPHAN a clôturé la conférence en mettant en valeur la richesse et la diversité des interventions que les intervenants ont proposées tout au long de l’après-midi.
Vous n’avez pas pu assister à la conférence ?
La vidéo est disponible sur YouTube jusqu’au 30 septembre !